Dans un contexte où le numérique occupe une place croissante dans nos vies et nos organisations, la question de son impact environnemental devient incontournable. Pour répondre à cet enjeu, OCTO Academy propose la formation « Écoconception de service numérique », destinée à outiller les professionnels afin de concilier performance et sobriété.
À cette occasion, nous avons échangé avec Nicolas Boillot, consultant et designer UX chez OCTO Technology et référent de la formation ECRSN.
Fort de son parcours dans le design orienté produit et son expertise sur l’écoconception, il nous partage sa vision, les apports concrets de la certification Green IT ainsi que les leviers d’action pour transformer durablement nos services numériques.

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en lien avec l’écoconception de services numériques ?
Je m’appelle Nicolas Boillot, je suis consultant chez OCTO depuis cinq ans. J’exerce en tant que designer UX depuis une quinzaine d’années, avec une approche de plus en plus orientée Product. En 2020, un collègue m’a proposé de suivre la formation Green IT. J’étais déjà sensibilisé aux enjeux climatiques et environnementaux, mais j’ai été particulièrement marqué par le fait que 60 % de l’impact écologique d’un service numérique se décide lors de la phase de conception.
J’ai alors questionné que ce type de formation soit principalement destinée à un public tech, alors que les choix les plus structurants sont pris en amont, par les décideurs, les designers ou les Product Owners. Chez OCTO, nous avons donc adapté l’approche en proposant différentes déclinaisons selon les profils, en intégrant également les questions d’accessibilité pour développer une vision plus holistique.
J’ai ainsi formé en interne une cinquantaine de personnes, la dynamique ayant été particulièrement forte en 2021 et 2022, lors du lancement des parcours spécifiques pour les métiers du design et du produit. J’interviens aussi régulièrement dans des écoles sur ces sujets (CNAM, Ecole des Gobelins, ESIEA, etc.).
La formation ECRSN s’est rapidement imposée comme la suite logique : il s’agissait d’élargir le périmètre sur l’écoconception des services numériques, en se basant sur la certification Green IT. J’en ai assuré la reprise et, depuis, nous avons animé deux sessions.
Quels sont les grands axes abordés durant la formation ? Quelles méthodologies et quels outils les participants découvrent-ils ?
La formation se structure autour de trois grands axes :
Le premier volet est consacré à la sensibilisation, avec un focus sur l’impact environnemental du numérique. Nous reprenons les grands principes : rappel des notions de base, éléments du tableau périodique, industries minières, équivalents CO2, pouvoir de réchauffement des gaz à effet de serre, mesures des ressources non renouvelables, etc. L’objectif est d’harmoniser les connaissances de chacun pour aborder la suite sereinement.
Le deuxième volet traite de la mesure. Nous y découvrons les outils de benchmark, les plug-ins Green IT, l’évaluation des poids de page, l’analyse des requêtes et de leur impact sur les terminaux.
Enfin, nous abordons la méthodologie d’éco-conception, adossée aux normes d’analyse du cycle de vie (normes ISO), spécifiquement adaptée aux services numériques. Nous présentons le référentiel web et ses bonnes pratiques, mais aussi d’autres référentiels : pour le mobile, WordPress, le référentiel général d’éco-conception (RGSN), en proposant parfois des passerelles vers l’accessibilité.
La formation se termine par des travaux pratiques : pendant une demi-journée, les participants travaillent en groupe, appliquent tous les concepts, choisissent un service, réalisent un audit de construction, puis présentent leur restitution.
La formation prépare à la certification Green IT. Peux-tu expliquer ce que cette certification apporte concrètement aux participants et à leur organisation ?
L’examen dure une heure : il s’agit de 60 questions couvrant l’ensemble des notions vues en formation. Les questions sont conçues pour évaluer la compréhension et la logique, et non le simple « apprentissage par cœur ».
La certification permet de valider un socle de connaissances et de compréhension, quel que soit le profil du participant. Elle représente aussi un atout pour valoriser son expérience et son expertise, ajoutant à la fois légitimité et gage de qualité dans les démarches de l’organisation.
Quels bénéfices concrets les participants retirent-ils de la formation, à court et à long terme ?
À court terme, les participants prennent conscience des enjeux réels du numérique, ce qui est d’autant plus important avec la montée de l’IA et l’augmentation massive de la consommation de ressources. Cela permet aussi de déconstruire certaines idées reçues, comme le fait que la dématérialisation serait par défaut plus écologique que le papier.
La formation leur apporte également des bonnes pratiques faciles à mettre en œuvre, générant des bénéfices rapides.
À plus long terme, elle fournit des clés pour transformer les services de l’entreprise. L’écoconception permet de réaliser des économies sur l’infrastructure : des systèmes plus légers et sobres réduisent naturellement la facture et améliorent la robustesse ainsi que la maintenabilité de l’architecture. Enfin, cela contribue à renforcer l’image de l’entreprise, qui s’affirme alors comme responsable et consciente des grands enjeux contemporains.
Quels sont, selon toi, les prochains défis à relever pour aller encore plus loin dans l’écoconception et la sobriété numérique ?
L’un des grands chantiers sera de dépasser le marketing et ses promesses autour du numérique, notamment sur l’IA, en exposant la réalité des impacts : pollution, accélération du changement climatique…
Je verrai comme autre enjeu, l’intégration d’indicateurs d’écoconception dans le pilotage des organisations, afin de réduire effectivement leur empreinte et d’ancrer durablement les bonnes pratiques.
Quels conseils donnerais-tu à une organisation qui souhaite amorcer une démarche d’écoconception ?
La première étape est la sensibilisation, pour bien comprendre les raisons de la démarche. Il est essentiel de réfléchir à la durée de vie des appareils, d’identifier les points d’action possibles, notamment sur les logiciels utilisés (ne garder que l’essentiel), d’évaluer l’utilité réelle de chaque service, de trier et optimiser les médias… Le recours à l’open source et à des solutions robustes permet d’allonger la durée de vie des infrastructures.
Ensuite, il convient de hiérarchiser ce qui mérite d’être numérisé et ce qui ne l’est pas.
De façon générale, il est urgent d’agir : le numérique consomme de l’eau, de l’énergie, des matières premières minières souvent importées. L’Europe s’oriente par exemple en ce moment à produire au moins 40% des métaux nécessaires sur son territoire afin de retrouver une souveraineté européenne. La question de la production électrique est également centrale, notamment l’apport en eau des centrales nucléaires françaises.
Globalement, il va falloir remettre en question nos usages et opérer dès maintenant un changement de cap, sans attendre d’être confronté à l’urgence.
À propos de la formation
« Écoconception de service numérique »
Cette session prépare les personnes qui conçoivent un service numérique à injecter l’ADN du développement durable dans leur démarche.
A travers des exercices concrets, vous apprendrez à évaluer l’empreinte et la performance environnementale d’un service numérique pour identifier les sources d’impacts, puis la réduire.
A la fin de cette formation, vous aurez une compréhension solide de la démarche, des méthodologies et outils disponibles, mais aussi des grandes étapes à respecter..
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